Nous sommes un certain nombre à nous intéresser à la recherche francophone sur les technologies qu’on appelait NTIC et que l'on qualifie maintenant de numériques. Nous appartenons à une communauté de pratiques, sans doute même à plusieurs dont certaines ont été fondées dès les premiers temps de l’audiovisuel et accueillent ceux et celles qui s’interrogent sur les nouvelles possibilités d’enseignement et d’organisation de l’enseignement instrumenté, sur les effets qu’ont les nouveaux dispositifs sur les apprentissages et sur les systèmes d’éducation.
Ce qui permet à une communauté humaine de prospérer au cours du temps, c’est l’engagement de personnes qui partagent des valeurs promues par la communauté et qui acceptent les règles faisant consensus relativement à son bon fonctionnement.
Ces personnes contribuent de diverses manières : certaines ne font que passer, d’autres y restent fidèles longtemps sans y prendre de responsabilités particulières d’orientation ou d’impulsion. D’autres encore, parce qu’elles ont une vision, une motivation, des compétences et un charisme particulier, y jouent un rôle singulier, tant que dure leur élan.
Jacques Wallet aura été de ces dernières personnes. Jeune praticien engagé dans les pédagogies de l’audiovisuel et de la médiation il a ensuite poursuivi un chemin qui l’a conduit au fil des ans à gravir tous les échelons du cursus honorum académique, à former de nombreux disciples et à construire une œuvre reconnue par tous dans le domaine des formations à distance, œuvre à facettes (comme un cristal), concernant l’enseignement (en particulier l’enseignement à distance), la recherche (en particulier la recherche participative), l’expertise, la conception, le lancement et l’accompagnement de projets francophones.
Ce cheminement, qu’on ne peut reconstituer qu’après coup, il ne l’a pas accompli seul, mais en partenariat (et même en équipe) avec bien d’autres, collègues et amis, dont il est inutile de souligner combien ils ont été bouleversés par sa disparition brutale en 2020. Que pouvaient-ils désormais faire, sinon lui rendre hommage et témoigner de ce qu’il leur a apporté ?
Plusieurs initiatives ont ainsi vu le jour en parallèle. Elles se traduisent en 2021 par différentes publications rassemblant nombre de contributions.
Ce numéro de la revue Frantice est caractérisé par le fait qu’il comporte des témoignages de ce qu’il faut bien appeler des seniors, qui ont travaillé avec Jacques Wallet depuis parfois très longtemps et qui apportent chacun un éclairage personnel sur un des aspects de son identité professionnelle.
Il en ressort une image illustrant l’action visionnaire et la sagesse prudente de l’homme que fut Jacques Wallet en ses œuvres tant de formation que de recherche. Une image très personnelle, qui permet d’éclairer certains moments de son action et de l’élaboration de ses idées.
Dans ce premier numéro de Frantice en son honneur, les témoignages reviennent notamment sur RESAFAD, IFADEM, FORSE tout en décrivant le chercheur, l'expert, l'entrepreneur, le visionnaire, l'humoriste, le conciliateur…
Nous avons choisi de présenter les contributions de ce numéro en suivant l’ordre chronologique de la première rencontre de Jacques avec les auteurs. Ce choix peut certes être critiqué, mais il nous a semblé avoir une certaine logique.
Il est prévu que les idées scientifiques de Jacques fassent l’objet de deux prochaines livraisons de cette revue en 2021. Une partie des auteurs présenteront en particulier des recherches et des synthèses relativement à des éléments issus des textes de Jacques Wallet, mettant en exergue ce qui leur semble intéressant, en explicitant en quoi l’objet traité est toujours pertinent en 2020, en quoi ses écrits peuvent faire progresser nos analyses, en quoi ils permettent d’interroger quelques objets de nos propres recherches, comment ils peuvent être des pistes à explorer encore.
Georges-Louis Baron, Emmanuelle Voulgre, EDA Université de Paris