Editorial

Les humanités numériques pour penser l’éducation et la formation & Varia


Date de publication : 04 May 2021

Auteur(s)

Neelam Pirbhai-Jetha , Université des Mascareignes, Maurice
Krishnah Moortee Saurty , Université des Mascareignes, Maurice

Les disciplines, y compris celles des sciences humaines connaissent de profondes mutations numériques. En 1949, Roberto Busa commence à préparer un index numérique de l’œuvre de Thomas d’Aquin en collaboration avec IBM. Ainsi, dans le milieu, Busa devient le nom le plus cité comme étant le pionnier des humanités numériques, qu’on appelait jusque dans les années 1990 « Humanities Computing ». À partir des années 2000, les sciences humaines s’emparent davantage des nouvelles technologies, la recherche avance dans ce domaine.

Ainsi, placées au carrefour des arts, lettres, sciences humaines et l’informatique, les humanités numériques encouragent ce « dialogue interdisciplinaire sur la dimension numérique des recherches » en particulier « au niveau des outils, des méthodes, des objets d’études et des modes de communication » (Dacos et Mounier, 2014), faisant ainsi état de cette convergence entre technologies et filières disciplinaires. En 2011, un colloque intitulé « Big Tent Digital Humanities » est organisé ; et cette image du « chapiteau » (« tent ») souligne, en effet, « la diversité, l’ouverture et la mouvance des humanités numériques », d’où l’idée qu’il est difficile de définir cette filière (Piotrowski et Xanthos, 2020).

Un lien est maintenant établi entre les disciplines universitaires et les humanités numériques. Cela nous amène à reprendre les paroles de Franc Morandi, qui avance qu’« on n’éduque pas au numérique, on éduque l’humain » (Morandi, 2017). Ainsi, pour les auteurs de ce volume, le numérique n’amène pas uniquement de « nouvelles » méthodes pédagogiques mais il encourage à chercher des moyens plus pertinents dans l’enseignement-apprentissage et fait de l’apprenant le point focal de toute activité pédagogique. Bref, c’est l’être humain qui est valorisé. 

Ainsi, un survol des travaux présentés indique très clairement que deux approches numériques recouvertes par les humanités numériques ont été expérimentées par les différents auteurs de ce volume : la première, celle du numérique en tant qu’instrument de recherche, porte sur l’appropriation des technologies numériques et travaillant sur les données numériques pour la production de savoirs. La deuxième approche plus applicative porte également sur le numérique mais en tant qu’outil de communication, dans la mise en réseau des acteurs et institutions, et dans la diffusion des productions et publications (Allouche, 2019).
 
Le corpus des articles sélectionnés dans le cadre de cette revue témoigne de cette appropriation du numérique dans un certain nombre d’établissements d’enseignement supérieur des pays du sud et du nord en vue d’introduire des changements d’ordre méthodologique dans les pratiques des enseignants et apprenants afin d’apporter des améliorations dans leurs approches pédagogiques au niveau de l’apprentissage. Ainsi, selon ces auteurs, l’emploi des TIC à l’enseignement et l’apprentissage dans différentes filières permet d’analyser le processus d’apprentissage et de transmission des connaissances à travers l’usage des nouveaux réseaux de communication en vue de de répondre à diverses problématiques sur la qualité, l’efficacité de l’enseignement, et de l’innovation mais également de favoriser le développement des nouvelles compétences chez les apprenants.
 
La démarche des différents auteurs prend assise sur des enquêtes et expérimentations menées au sein de leurs établissements avec pour point de départ la modalité de l’hybridation et de sa capacité à améliorer l’enseignement pratique. Face aux défis majeurs du processus d'enseignement et d'apprentissage, la manière dont les TIC sera utilisée, selon les différents acteurs, va favoriser le développement de leurs savoir-faire et les préparer à de nouvelles situations d’apprentissage dans des contextes nouveaux.
 
Ce changement de paradigme, nous expliquent les auteurs, va potentiellement amener certains bénéfices et entraîner une rupture avec leur pédagogie classique-présentielle, dans la relation enseignant-enseigné, ainsi que dans les normes de formation définies par leurs systèmes éducatifs.
En bref, l’accent est mis sur cette « alliance entre la technique et l’humain » (Morandi 2017), et l’importance d’aller vers le numérique réflexif et critique en lien avec les compétences du XXIe siècle, qui permettront une insertion sociale et professionnelle dans un univers de big data.
 
Références
 
 
- Dacos et Mounier (2014). Humanités numériques. État des lieux et positionnement de la recherche française dans le contexte international. Rapport commandé par l’Institut Français. [En ligne] https://www.enssib.fr/bibliotheque-numerique/notices/65358-humanites-numeriques-etat-des-lieux-et-positionnement-de-la-recherche-francaise-dans-le-contexte-international 
 
- Morandi, F. (2017). À l’école des humanités numériques. Hermès La Revue, 78(2), 2017. [En ligne] https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-2017-2-page-96.htm 
- Piotrowski, M. et Xanthos, A. (2020). Décomposer les humanités numériques. Humanités numériques, 1. [En ligne]. Disponible sur : http://journals.openedition.org/revuehn/381 

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Pour citer ce document

Pirbhai-Jetha, Neelam et Saurty, Krishnah Moortee. (2021). Editorial : Les humanités numériques pour penser l’éducation et la formation & Varia. frantice.net, Numéro 17 - Septembre 2020. Récupéré du site de la revue : http://frantice.net/index.php?id=1663.
ISSN 2110-5324




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