Après plus de dix années de publications, la revue Frantice évolue. Sa ligne éditoriale, s’intéressant toujours à l’intégration des technologies numériques, s’ouvre également à l’ensemble des enjeux liés aux dispositifs et aux espaces sociaux en éducation et en formation.

Les entrées des travaux présentés sont multiples, notamment pédagogiques, praxéologiques, contextuelles, curriculaires ou institutionnelles, aussi par les pratiques médiatisées, les pratiques professionnelles, les interactions didactiques, les apprentissages, les représentations sociales, les communautés d’apprentissages, les enjeux linguistiques, les dispositifs et leurs ingénieries, les politiques publiques, ou encore les territoires. Les travaux présentés pourront s’intéresser à l’école, ou à l’éducation hors l’école, ainsi qu’à la formation d’adultes, à l’éducation formelle, informelle et non formelle. 

Cette vingtième livraison de la revue, en partenariat avec le programme APPRENDRE de l’AUF/AFD, propose sept contributions centrées sur les questions scolaires et la formation des enseignants : sur l’usage de la distance en formation à l’ENS d’Abidjan (Holo), sur les compétences informationnelles des lycéens à Ouagadougou (Sia et al.), sur la nécessité de développer des cours de géographie de proximité pour les élèves sénégalais (Timera), sur l’accompagnement des étudiants en formation à distance (Ouattara et al.), sur les pratiques d’évaluation à l’école élémentaire guinéenne (Diallo et al.) et sénégalaise (Drame et al.), et sur la méthode de l’auto-confrontation dans la formation des enseignants au Liban (Abourjeili et al.). Pour clore ce numéro, Baron revient sur une table ronde organisée en hommage à Jacques Wallet à l’occasion de la quatrième édition du colloque éTIC à Caen en 2021, sur la recherche sur les technologies éducatives au Sud.

Cet ensemble nous donne quelques lignes de réflexions sur les politiques éducatives dans les pays du Sud. De manière générale, la pression démographique fait que la formation des enseignants et de leurs superviseurs est au cœur des préoccupations. L’enjeu étant de les former à la conduite de classe, souvent à effectifs pléthoriques, de les outiller d’un point de vue didactique, et, le plus souvent, pour la conduite de classes multilingues. 

A cela s’ajoute d’autres difficultés, sans les développer, et de manière non exhaustive : l’adaptation des curriculums aux réalités, aux besoins et aux contextes locaux, l’accessibilité et la disponibilité des ressources pédagogiques, leur localisation, les différences importantes entre les écoles selon les espaces (urbains, ruraux, etc.), la nécessité d’encourager les initiatives locales de soutien et d’accompagnement à la scolarisation des jeunes, etc. L’ensemble des difficultés relevées dans ces textes font système. La formation des enseignants est un levier, mais ne peut pas tout. Il semble donc nécessaire de développer des approches holistiques et multifactorielles dans l’approche des problèmes qui se posent aux pouvoirs publics pour le développement de l’éducation dans tous les territoires.

 L’entrée africaine de ce numéro montre clairement la nécessité de développer davantage la recherche en éducation dans les pays du Sud, autour de communautés d’intérêts et dans des démarches qualitatives et partenariales. La complexité des réalités matérielles des terrains africains, leur diversité linguistique, l’hétérogénéité des contextes de classe dans les territoires, l’actualité géopolitique, la jeunesse des populations du continent, avec pour conséquence la difficulté des politiques publiques à répondre à la demande éducative, nous invitent à porter encore et davantage notre attention sur les enjeux liés au développement de l’éducation et de la formation, dans un dialogue entre les pays du Sud et les pays du Nord. La recherche en éducation nous y aide, pour la compréhension des contextes, des freins et des leviers pour une éducation de qualité.