Editorial


Date de publication : 09 February 2018

Auteur(s)

Hervé Daguet

 Ce numéro 14 de frantice.net est consacré aux environnements et dispositifs numériques. Dans une volonté de suivre la ligne éditoriale de la revue, les articles retenus se situent dans une perspective de recherche en éducation et en formation pour un public constitué à la fois de chercheurs mais également de praticiens, et ce, tant dans les pays du Nord que du Sud.

De ce fait, même si dans une moindre mesure ils constituent une variable incontournable dans la présentation des dispositifs et environnements, ce n’est pas tant les aspects techniques qui sont discutés, mais plutôt les usages, les représentations ou encore plus généralement les pratiques autour de ces objets numériques.

De façon générale  le concept de dispositif est lié à des critères techniques, tels les mécanismes qui permettent à un appareil de fonctionner (Peeters & Charlier (1999) ; Meunier (1999)).  Le dispositif permet de prendre en considération la dimension technique de « certains phénomènes sociaux » (Peeters & Charlier, 1999, p. 16). Ainsi, pour Meunier (1999, p. 90) le dispositif permettrait de mettre en lumière 3 dimensions essentielles :

  • un certain rapport au monde variable en fonction de la proximité ou de la distance par rapport au réel,
  • un rapport interpersonnel lié aux rapports fusion/différenciation ou encore centration /décentration sociale,
  • une construction du sens liée à la logique ou à l’analogique.

Au sein des recherches les plus significatives des technologies éducatives on peut noter  que  pour Jacquinot-Delaunay et Monnoyer (1999, p. 10) le « dispositif est bien au centre de la relation homme-machine et c’est incontestablement avec le développement des Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication qui relèvent, techniquement de la numérisation, qu'on a vu cette notion sortir du champ délimité de ses origines pour proliférer dans d'autres sphères d'activités humaines, avec ou sans machines, et designer des pratiques qui ont toutes, pour particularité, de se dérouler au sein d'environnements aménagés. »

En évoquant les environnements de formation Albéro (2010), propose de constituer une relation triple entre Structure, Système et Dispositif.

  • La structure renvoie au sein d’une organisation à la construction hiérarchique et aux relations entre ses acteurs. Elle se caractérise notamment par la mise en place de règles.
  • Le système est également perçu comme une organisation structurée mais il est généralement étudié au regard de la dynamique des relations et des interactions entre les acteurs. Cette dynamique se caractérise notamment par les évolutions du système dans le temps.
  • Enfin, le dispositif est quant-à-lui lié à une terminologie plus récente qui, d’après l’auteur, permettrait une « souplesse » autorisant l’analyse plus aisée des « réalités rencontrées dans leurs pratiques » (Albero, 2010, p. 50). De ce fait le dispositif englobe à la fois le lieu de la formation, les méthodes mises en place mais également l’ensemble fonctionnel composé des acteurs et des moyens mobilisés permettant d’atteindre l’objectif  d’apprentissage.

Enfin Lameul, Trollat & Jézégou (2009) indiquent qu’un «dispositif de formation» est une organisation de ressources (humaines, pédagogiques, techniques, administratives) au service d’une action de formation finalisée, c’est donc une construction sociale inscrite dans une ingénierie pédagogique. Le dispositif se joue des contraintes et de la variété des ressources, afin de construire des situations d’apprentissage susceptibles d’entrer en résonnance avec les dispositions des apprenants.

L’appel à publication a été volontairement assez large, c’est pourquoi le nombre de textes retenus, 13 articles, sur cette thématique a été important. Il a été possible de proposer deux volumes pour le numéro 14.

Le volume 1, composé  de 7 textes, recueille les articles portant sur des recherches liées aux Dispositifs numériques et à leurs usages.

Le volume 2 composé de 5 textes, recueille quant-à-lui les articles présentant la dimension des TIC comme Dispositifs numériques.

Travaux cités

Albero, B. (2010). La formation en tant que dispositif : du terme au concept . Dans B. Charlier, & F. Henri, Apprendre avec les technologies (pp. 47-59). Paris: PUF.

Jacquinot-Delaunay, G., & Monnoyer, L. (1999). Avant-propos, Il était une fois. Hermès, La Revue , 3 (25), 9-14.

Lameul, G., Trollat, A.-F., & Jézégou, A. (2009). Articuler dispositifs de formation et dispositions des apprenants. Chronique Sociale.

Meunier, J.-P. (1999). Dispositif et théories de la communication : deux concepts en rapport de codétermination. Hermès, La Revue , 25 (3), 83-91.

Peeters, H., & Charlier, P. (1999). Contributions à une théorie du dispositif. Hermès, La Revue , 25, 15-23.

 

Introduction au volume 2 : Les TIC comme Dispositifs numériques.

Environnements et dispositifs numériques pour éduquer et former.

L’angle d’attaque du second volume est différent car il présente des travaux sur les TIC vu comme des dispositifs numériques. Ce sont des monographies qui présentent différents contextes à la fois liés à des niveaux des systèmes éducatifs (secondaire, universitaire, formation professionnelle), des modes d’apprentissage (présentiel, hybride et distance) et ce également dans une grande diversité territoriale.

Le premier article de ce second volume présentant les TIC comme des dispositifs d’apprentissage est proposé par Moussa Coulibaly. L’auteur présente une étude des usages et des pratiques des TIC dans des établissements scolaires du secondaire au Mali. Après avoir présenté les grandes orientations de la constitution du système éducatif malien l’auteur dresse un état des lieux de l’utilisation des TIC dans les établissements scolaires du secondaire. De façon générale comme l’indique l’auteur le système malien doit faire face à de nombreuses contraintes comme le manque d’infrastructures, des effectifs pléthoriques, le manque d’enseignants ou encore un manque d’équipements technologiques. Dans ce contexte le gouvernement malien tente toutefois d’intégrer les TIC dans l’enseignement. Pour analyser cette situation l’angle d’attaque de Moussa Coulibaly est double, la formation des enseignants aux TIC et  les usages des TIC. Pour ce faire l’auteur a mené une enquête quantitative portant sur 6 lycées maliens.

Janvier Ngnoulaye et Michel Lepage s’intéressent plus particulièrement aux effets sur les apprentissages des dispositifs ayant recours aux TIC. Leur terrain d’enquête est celui de l’Université Camerounaise.  Après avoir décrit le contexte local, peu favorable au développement massif des TIC, ils présentent leur cadre théorique basé principalement sur le modèle de Bloom (1956) et revisité plus récemment par Lorin (2011). Les auteurs précisent ensuite que bon nombre d’études concluent que les TIC contribuent à améliorer les résultats académiques, permettent le développement des opérations cognitives d’ordre supérieur ou encore améliorent la motivation et l’intérêt. Ce sont ces différents points que les auteurs analysent suite à des enquêtes quantitatives et qualitatives menées à l’université de Yaoundé

Fatiha Maaroufi présente ensuite les résultats d’une enquête sur les usages des technologies menée auprès d’étudiants de la Faculté des Sciences de Oudja au Maroc. L’auteure s’intéresse plus particulièrement aux pratiques numériques personnelles des étudiants et aux liens qu’on pourrait établir entre ces pratiques et les apprentissages à l’université. Elle s’interroge principalement sur les types d’activités mobilisant les usages des TIC par les étudiants mais ce en dehors de l’université. Elle analyse également les modalités d’échanges que permettent les TIC. Après une brève présentation des fondements théoriques retenus, notamment les apports des TIC dans l’enseignement et les apprentissages ainsi qu’une réflexion autour des pratiques numériques des apprenants, l’auteur présente sa méthodologie fondée sur un questionnaire permettant de croiser les équipements et les usages des étudiants.

Nadia Bacor présente ensuite un état des lieux des pratiques numériques liées à la pédagogie universitaire dans les langues et dans ce cadre interroge aussi le concept d’innovation. Elle commence par rappeler que dans bien des cas les pratiques pédagogiques décrites sont souvent le fait de pratiques spécifiques mais rarement de pratiques enseignantes effectives. Après avoir questionné le concept de pédagogie elle indique en quoi il est souvent lié à celui d’innovation, de surcroît quand il est associé aux technologies numériques. Après avoir présenté des éléments institutionnels liés au développement de la pédagogie universitaire numérique en langues elle présente et questionne différents dispositifs allant des EIAH aux MOOC.

Enfin en conclusion de ce second  volume sur les TIC comme dispositif numérique Elassaad Elharbaoui, Mossadok Ben-Attia et Jean Gabin Ntebuste analysent un dispositif de formation permettant de faire évoluer les représentations d’étudiants tunisiens sur le concept de « photopériodisme chez les animaux d’élevage », plus précisément chez les caprins. Cette recherche est donc à la frontière entre la didactique de la biologie, la pédagogie par le numérique et la conception d’EIAH. Le modèle d’apprentissage choisi est lié à une démarche itérative et plus précisément il est fondé sur le module ADDIE (Analyse, Design, Diffusion, Implantation et Evaluation) de Basque (2004). La plateforme utilisée est Moodle. L’analyse de l’évolution des représentations des étudiants à distance  a été effectuée au travers d’un protocole différenciant les outils d’apprentissages, un outil avec une formation classique, un autre suivant le modèle présenté ci-dessus.

Hervé Daguet, CIRNEF, université de Rouen Normandie, France


Pour citer ce document

Daguet, Hervé. (2018). Editorial. frantice.net, Numéro 14(2) - Décembre 2017. Récupéré du site de la revue : http://frantice.net/index.php?id=1457.
ISSN 2110-5324




Logo Université de Caen Normandielogo CIRNEF 

Revue électronique internationale publiée par l'IFIC et l'Université de Caen.
ISSN 2110-5324.
Les frais de soumission et de publication d'articles dans la revue Frantice sont gratuits.